Dans le cadre du 7 ème mois Montaigne
Manifestation culturelle organisée par le Centre Montaigne, le Moi(s) Montaigne propose chaque année un ensemble de rencontres et d'événements liés à un thème important dans l'œuvre de Montaigne.
Les jardins sont un élément capital de l’art et de la civilisation de la Renaissance. Symboles d’une nature domestiquée, espaces de création et d’ostentation, lieux de représentation, de sociabilité, de savoirs et de réflexion mais aussi de pouvoir, ils ont fasciné Montaigne visitant l’Italie comme nombre de ses contemporains. À côté des rencontres consacrées à Montaigne même, à son rapport aux jardins et plus largement à la nature, ce septième Moi(s) Montaigne offre une exploration variée et inattendue du thème des jardins et va à la rencontre de deux autres figures aquitaines : Bernard Palissy et Guillaume Du Bartas.
JARDINS, VIOLENCE ET PERSÉCUTIONS
En se souvenant que Montaigne a vécu l’essentiel de sa vie durant les guerres de Religion, cette deuxième semaine du Moi(s) Montaigne traite du jardin sous un angle inattendu, celui de la violence et de la guerre. Elle permet ainsi de s’intéresser également à deux auteurs protestants de la région, qui furent ses contemporains : le poète Guillaume Du Bartas et l’artiste Bernard Palissy.
Conférence de Denis Ribouillault:
«Violence et imaginaire guerrier dans les jardins princiers de la Renaissance et du Baroque».
(de 18h à 19h30)
Cette conférence porte sur un aspect apparemment paradoxal de l’art des jardins de la Renaissance, lieu unanimement associé au plaisir et à la paix dans la tradition classique du locus amoenus. Il s’agira de faire voir, au contraire, certaines facettes moins angéliques du jardin renaissant qui en font un lieu de violence et le produit d’une culture aristocratique profondément marquée par la guerre. Nous verrons notamment, au prisme d’un Montaigne qui vécut au milieu des guerres de religion, comment le jardin a pu être également rêvé comme un lieu de refuge pour les protestants persécutés. Le fil conducteur de la conférence sera le thème de l’eau et la manière dont l’art hydraulique, si intimement lié aux jardins, est aussi redevable de cet imaginaire de la violence guerrière qui caractérise les XVIe et XVIIe siècles.
Professeur d’histoire de l’art à l’université de Montréal et spécialiste de l’histoire des jardins italiens et du paysage, Denis Ribouillault adopte dans ses travaux une approche élargie nourrie par l’anthropologie, l’histoire culturelle et sociale et l’intermédialité. Auteurs de plusieurs ouvrages sur les villas et les jardins de Rome au XVIe siècle, sur le paysage et le sacré dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles ou encore sur les liens entre peinture et jardin de l’Antiquité à nos jours, il travaille en particulier sur les rapports entre art et science dans les jardins. Il a publié, entre autres : Paysage sacré et exégèse visuelle dans l’Europe de la première modernité, Rome en ses jardins. Paysage et pouvoir à Rome au XVIe siècle ou encore De la peinture au jardin.