(POOR THINGS) Yorgos LANTHIMOS - USA 2023 2h21mn VOSTF - avec Emma Stone, Mark Ruffalo, Willem Dafoe, Ramy Youssef, Damien Bonnard, Hanna Schygulla, Jerrod Carmichael... Lion d’Or – Festival de Venise 2023.
Du 17/01/24 au 27/02/24
Avec Pauvres créatures, le cinéaste grec désormais hollywoodien Yorgos Lanthimos, a frappé fort : esthétiquement stupéfiant, autant pour les décors que pour les effets de mise en scène (avec notamment quelques plans anamorphosés hypnotiques), servi par des acteurs inoubliables dans des rôles extrêmes, Pauvres créatures se permet en outre d’être un extraordinaire pamphlet féministe anti-autoritaire, prônant une liberté sexuelle absolue.
Dès la première séquence, intrigante au possible, on est subjugué : une femme, vêtue d’une robe victorienne d’un azur splendide, s’apprête à se jeter d’un pont dans les abysses sombres d’un fleuve, la Tamise peut-être. On va la retrouver, mais totalement différente, dans un immense et mystérieux manoir. Dans un corps de jeune femme, elle se comporte en enfant caractérielle, alignant à peine quelques mots intelligibles et brisant à sa guise les objets qui l’entourent. Bella est la protégée du Docteur Baxter, un chirurgien controversé, au visage repoussant, couturé tel un puzzle, qui terrifie et malmène ses étudiants lors de cours d’anatomie peu orthodoxes. Un seul étudiant, Max, semble attaché au professeur qui lui confie une mission à risques : observer les progrès de Bella qui, peu à peu, doit se développer mentalement et tendre vers l’âge adulte. Et le jeune étudiant va être foudroyé d’amour pour la jeune femme, malgré son étrangeté plus qu’inquiétante. Vous l’aurez peut-être compris, Pauvres créatures est une variation très libre sur le mythe de Frankenstein. Mais on ne vous en dira pas plus…
Yorgos Lanthimos s’en donne à cœur joie pour utiliser les codes esthétiques du 19e siècle, époque à laquelle est censé se dérouler le roman de Mary Shelley, mais en le mâtinant de fantaisies steampunk, ce genre propre à la science-fiction qui mêle inventions futuristes à la Jules Verne et imagerie victorienne. Dans Pauvres créatures, on se balade en calèche à vapeur mais à tête de cheval, on survole les villes dans d’étranges nacelles, les paquebots semblent sortis d’une BD de Bilal et, comme le professeur Baxter fait des expériences étranges, il a pour animaux de compagnie des poules à tête de caniche et des petits chiens à tête de cochon.