Interdit aux moins de 12 ans
L’incroyable ascension de Giwar Hajabi, jeune immigré kurdo-iranien, ancien criminel et trafiquant de drogue devenu Xatar, star et légende du rap allemand.
Le récit autobiographique de Giwar Hajabi, alias Xatar, intitulé Tout ou rien. Chez nous on dit, le monde t’appartient, est paru en 2015 et a été un best-seller. Plusieurs sociétés de production ont ainsi cherché à en obtenir les droits, et plusieurs réalisateurs se sont montrés intéressés.
Finalement, une option a été signée pour une série. À cette époque, le rappeur et Fatih Akin, qui échangeaient de temps en temps sur Instagram, ont décidé de se retrouver à Hambourg. L’intérêt que le réalisateur portait à son livre en vue d’une adaptation à l’écran a surpris Xatar :
"Je connais ses films, il va au fond de ses sujets. Mais pour moi, Fatih n’était pas la bonne personne pour mettre en scène un rappeur. Mais chez les autres réalisateurs je voyais qu’ils voulaient profiter du buzz que font les rappeurs pour faire des entrées. Chez Fatih, je ne voyais pas cet opportunisme."
Finalement le projet de série a été abandonné et le tournage du film a pu démarrer rapidement.
Qui pour jouer Xatar ?
Si Emilio Sakraya ne ressemble, à priori, pas vraiment à Xatar, Fatih Akin l'a quand même choisi pour se glisser dans la peau du rappeur. Le réalisateur justifie ce choix : "Emilio était un enfant-acteur, je pense donc qu’il a une grande expérience de toutes sortes de rôles. Il connaît le métier depuis tout petit et n’attendait que ça, qu’une telle occasion se présente. Il est acteur jusqu’au bout des ongles et prend vraiment plaisir à jouer, il n’a peur de rien."
"Et quand bien même, la peur ne le paralyse jamais, au contraire, elle le rend encore plus vif. Emilio a sa méthode. Pendant des mois, il se donne à fond pour se préparer, cherche à se glisser dans le rôle, corps et âme. C’est pour des personnes comme Emilio que je fais du cinéma. J’ai préféré prendre un acteur capable de se métamorphoser que de perdre du temps à chercher une sorte de sosie qui de toute façon ne serait qu’un pâle reflet car Giwar est unique."
Plusieurs genres
Ce qui a séduit Fatih Akin dans le livre de Xatar, c’est qu'il mêle divers genres : le drame sur l’immigration, le récit initiatique, le film de gangsters et le film musical. "J’aime quand on ne peut pas mettre un film dans une case précise, et qu’à la fin du film, on se retrouve complètement ailleurs. J’aime quand les films nous mettent au défi", confie le cinéaste.
Une aide précieuse
Xatar a oeuvré comme consultant sur le plateau de tournage, veillant au réalisme de l'ensemble. Une aide précieuse pour Fatih Akın : "Bien que je sois moi-même issu d’un quartier défavorisé, je n’y connais rien à l’argot parlé à Bonn, au trafic de la cocaïne, au monde des videurs de club, aux réalités des Kurdes, au rap allemand. C’est pourquoi il était fondamental pour moi que Giwar soit présent sur le plateau."
"Sa présence m’a permis de créer une crédibilité énorme – le spectateur plonge dans son monde parce que je me suis immergé dans celui de Giwar, et ça, en profondeur ! J’ai eu l’occasion de faire des documentaires dans ma vie, je sais être très flexible. Une équipe, de cette importance sur ce film surtout, ne peut l’être que dans une certaine mesure", confie le metteur en scène. Il poursuit :
"Quand Giwar était sur le plateau, c’était comme faire du slalom à bord d’un bateau de croisière. Mais mon équipe s’est révélée extrêmement souple. C’était tous des professionnels bien rodés, qui connaissent toutes les ficelles du métier."