C’est à la fois l’histoire d’un pays, le Sénégal, et celle de quatre générations de musiciens hors pairs qui nous sont contées dans ce documentaire musical qui nous entraîne en Afrique à la rencontre de l’Orchestra Baobab. Fondé en 1970, le groupe et le mythique club de Dakar qui porte le même nom ont tout vécu et traversé : les espoirs nés des indépendances africaines du début des années 60, les lendemains qui chantent guidés par le président et poète empreint de griotisme Léopold Sedar Senghor, les désillusions de la crise économique des années 80 et 90 et le renouveau des années 2000, avec le désir d’une émergence en marge des critères occidentaux. Une histoire sociale et culturelle mouvementée et effervescente, faite de transmission de savoir et de successions à la tête du pouvoir.
Pendant la colonisation, les musiques en langues locales, comme les chansons de l’Orchestra Baobab, s’écoutaient en privé, le français étant la langue officielle. Mais dès l’indépendance, à l’automne 1960, Léopold Sedar Senghor place les arts traditionnels au cœur de sa politique culturelle, espérant ainsi recréer une unité nationale et en terminer avec les dissensions sociales. Le Sénégal renoue alors avec ses racines musicales, l’Orchestra Baobab naît à ce moment. Formation pluriethnique, le groupe invente alors la musique sénégalaise moderne, en intégrant en une subtile balance les différentes influences de ses membres. Elles viennent de la mélancolie créole de Casamance, de la rumba congolaise, du lyrisme mandingue, des incantations musulmanes, du folklore wolof, du funk américain, du highlife ghanéen… À travers sa musique se reflète la quête identitaire d’un pays dont les chansons et les rythmes font vibrer tout un peuple depuis 60 ans.