Bonjour à tous,
Ecole du bout du monde 🌍
village de Lunana, avec ses cinquante âmes, serait un endroit paradisiaque, au pied des glaciers de l’Himalaya, sans les dix mois de neige qui le coupent du reste de la civilisation. Évasion garantie, mais pas celle dont rêvait Ugyen, le jeune protagoniste de l’histoire, qui se serait volontiers expatrié dans la patrie des kangourous, une destination chaude comme la braise, avec tout ce qu’il faut de musique électronique et de soirées dansantes. Aucune logique ne peut rivaliser avec la capacité de l’être humain de s’auto-persuader que l’herbe est plus verte ailleurs, même quand on vit au pays du Bonheur National Brut ! Et c’est cela qui lui fera commettre une erreur : celle d’avouer à son employeur qu’il ne se sent pas à sa place en tant que simple instituteur, qu’il se verrait mieux dans la peau d’un chanteur à la mode et qu’il s’apprête à tout plaquer. Tout ce que Ugyen va y gagner, c’est d’être muté dans la partie la plus reculée du territoire, là où il n’aura pas le loisir d’échapper à son devoir envers la société bhoutanaise, à laquelle il doit encore une année de service. Lui qui n’attendait qu’un papier pour pouvoir s’enfuir en catimini avec sa fiancée vers l’Australie ! C’est carrément une double peine : en plus de devoir différer ses rêves, le voilà condamné à vivre loin de ses attaches citadines et de tout confort moderne.
Autant dire que c’est un garçon renfrogné que Michen, spécialement descendu du village pour l’aider, accueille à la descente du bus. Ugyen établit d’emblée une relation distante et plutôt impolie, envoyant des textos à tout va durant le maigre repas dans une auberge proprette, sous le regard indulgent de son hôte. C’est la rencontre de deux mondes que la technologie oppose. Entre celui qui ne voit plus que par le prisme des écrans et celui qui vit l’instant présent avec une acuité toujours renouvelée. L’accablement d’Ugyen est à son comble quand, après avoir gravi d’interminables pentes, il découvre qu’il n’y a aucun réseau à Lunana. Inconcevable ! Être condamné à n’écouter que le chant des oiseaux ? N’avoir pour toute distraction que celles qu’offre la nature ..
au plaisir